• Livraison offerte à partir de 69€ en point relais
  • Alerte PFAS, TFA, Pesticides : toutes nos solutions pour votre eau !
    En savoir plus

CVM : ce polluant invisible qui menace notre eau potable

09 Mai 2025 | Par Cieléo | Actualités Filtration de l'eau

Dans de nombreuses communes, l'eau est contaminée par un composé toxique : le chlorure de vinyle monomère (CVM). Ce gaz cancérogène, résidu de la fabrication du PVC, présent dans les canalisations posées avant 1980, migre lentement mais sûrement dans notre eau potable.

CVM : ce polluant invisible qui menace notre eau potable

Chaque jour, des millions de Français ouvrent leur robinet sans se poser de questions. L’eau qui en coule est supposée être propre, potable, et régulièrement contrôlée. Pourtant, dans de nombreuses communes, cette eau est silencieusement contaminée par un composé toxique : le chlorure de vinyle monomère (CVM). Ce gaz cancérogène, résidu de la fabrication du PVC, est présent dans les canalisations posées avant 1980, et migre lentement mais sûrement dans notre eau potable.

Ce billet vise à expliquer en profondeur ce qu'est le CVM, comment il est arrivé dans notre réseau d'eau potable, quels sont ses effets sur la santé, l'étendue du problème en France, les réactions des autorités, et les solutions à court et long terme pour les citoyens.

Qu'est-ce que le chlorure de vinyle monomère (CVM) ?

Le chlorure de vinyle monomère est un gaz incolore, à l'odeur douce, classé comme cancérogène avéré pour l'homme par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) depuis 1987. Il est principalement utilisé dans la fabrication du polychlorure de vinyle (PVC), un plastique omniprésent dans les infrastructures modernes.

Pendant les Trente Glorieuses, l’utilisation du PVC pour les canalisations d’eau potable s’est imposée en France comme une solution moderne : matériau peu coûteux, facile à poser, résistant à la corrosion. Mais sa fabrication implique l’utilisation du CVM, et les processus industriels de l’époque ne permettaient pas d’éliminer tous les résidus de ce gaz toxique.

Comment le CVM contamine-t-il l'eau potable ?

Les canalisations en PVC posées entre les années 1960 et 1980 contiennent des traces de CVM. Avec le temps, et sous l’effet de facteurs comme la température, le pH de l’eau, ou encore la stagnation dans les réseaux, ces résidus peuvent migrer à travers les parois du plastique et se dissoudre dans l’eau.

Ce phénomène, appelé migration, est aujourd’hui bien documenté. Il peut entraîner des concentrations en CVM supérieures aux seuils de sécurité fixés par la réglementation européenne et française (0,5 µg/L).

Un risque sanitaire sous-estimé

L'exposition au CVM via l'eau potable, même à faible dose, augmente le risque de développer certains types de cancers, en particulier :

  • L'angiosarcome hépatique, cancer rare et très agressif du foie ;
  • Le carcinome hépatocellulaire, forme plus fréquente de cancer du foie ;
  • Des atteintes au système nerveux central, à la rate et aux reins ;
  • Des anomalies hématologiques.

Les travailleurs de l’industrie du PVC exposés au CVM ont été les premiers à révéler ces risques, mais aujourd’hui, c’est l’ensemble de la population connectée à certains réseaux anciens qui est potentiellement concernée.

L'étendue du problème en France

Une enquête du média Vert.eco a révélé que plus de 5 500 communes ont été concernées par des dépassements du seuil de CVM dans l’eau potable depuis les années 2000. Une carte interactive permet même aux citoyens de vérifier si leur commune est concernée.

Les zones les plus touchées sont celles qui ont massivement adopté le PVC dans les années 1960-1980, souvent dans des régions rurales ou des zones périurbaines.

Les réponses (insuffisantes) des autorités

Les agences régionales de santé (ARS) réalisent régulièrement des contrôles de la qualité de l'eau. Mais les informations sur le CVM sont souvent absentes des bilans publics. Lorsqu’un dépassement est détecté, la réponse varie : mise en demeure de la commune, remplacement partiel des canalisations, ou dans certains cas, aucune action concrète faute de budget ou de priorité politique.

De plus, la norme actuelle (0,5 µg/L) repose sur des données anciennes et pourrait ne pas refléter les dernières connaissances scientifiques sur les effets à long terme du CVM.

Se protéger du CVM : quelles solutions ?

Filtrer le chlorure de vinyle monomère (CVM) dans l’eau du robinet à domicile est très difficile. Les méthodes de filtration courantes sont généralement peu efficaces pour éliminer ce polluant.

  • Charbon actif : L’absorption du CVM sur charbon actif est jugée « délicate et difficile » par l’Anses, avec des risques de relargage du polluant après quelques semaines d’utilisation du filtre. Les carafes filtrantes domestiques à charbon actif ne sont donc pas considérées comme efficaces pour piéger le CVM dans l’eau du robinet. Les filtres avec un bloc de charbon actif dense sont, pour des concentrations faibles, plus appropriés.
  • Laisser reposer l’eau : Le CVM étant un gaz très volatil, il peut s’évaporer si l’eau repose plusieurs heures dans une carafe ouverte. Cette méthode n’est potentiellement efficace que pour des concentrations faibles (inférieures à 1 µg/L), mais son efficacité réelle dépend du niveau de contamination, qui est rarement connu par le consommateur.
  • Ébullition : L'eau du robinet peut être utilisée pour la cuisson des aliments et les boissons chaudes si elle est portée à ébullition, ce qui permet d'éliminer le CVM très volatil.
  • Solutions collectives : Les seules solutions vraiment efficaces et durables sont la purge régulière du réseau d’eau (pour diminuer le temps de contact avec les canalisations en PVC anciennes) ou le remplacement des canalisations concernées. Ces mesures sont à la charge des gestionnaires de réseaux d’eau potable et non des particuliers.
Il n’existe donc pas de solution de filtration domestique simple, fiable et validée pour éliminer efficacement le CVM de l’eau du robinet. Seules les interventions sur le réseau (purge, tubage, remplacement des canalisations) permettent de traiter durablement ce problème. L’eau du robinet peut toutefois continuer à être utilisée pour le brossage des dents ou le lavage des légumes, car le risque par contact est jugé négligeable.

Des revendications citoyennes et environnementales

Face à l’opacité des données et au manque de volonté politique, plusieurs collectifs et ONG appellent :

  • À une transparence intégrale des données locales de qualité de l'eau ;
  • À une actualisation des normes sanitaires ;
  • À un plan national de remplacement des canalisations en PVC contaminées ;
  • À l’intégration de la question du CVM dans les plans régionaux de santé publique.

Le CVM est un héritage toxique de notre passé industriel. Invisible, silencieux, il infiltre notre eau potable depuis des décennies. Alors que les preuves de sa dangerosité s'accumulent, il est urgent d'agir à la fois au niveau individuel et collectif. Remplacer les canalisations anciennes, contrôler régulièrement l'eau, renforcer la réglementation : ce sont les seules façons de garantir un accès durable à une eau potable vraiment saine.

L'eau, bien commun vital, ne devrait jamais être le vecteur de risques sanitaires évitables.

Ajouter un commentaire

Veuillez saisir votre nom
Veuillez saisir une adresse mail valide
Veuillez saisir un message

Informations pratiques